Décès d’un pompier de la municipalité de Boischatel en décembre 2021 : la CNESST dévoile les conclusions de son enquête
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête sur l’accident du travail ayant coûté la vie à un pompier à temps partiel de la municipalité de Boischatel le 19 décembre 2021.
Chronologie de l’accident
En fin de soirée, le 18 décembre 2021, un feu dans le garage attenant à une résidence a été signalé à la centrale d’urgence 911 par la propriétaire. Dans les minutes qui ont suivi, des équipes de pompiers sont arrivées sur les lieux de l’incendie. Aucune procédure de sauvetage n’était alors requise. Le travail pour éteindre les flammes a nécessité le déploiement d’équipes dans quatre secteurs différents à l’extérieur du bâtiment. La progression d’une équipe a amené des pompiers à combattre l’incendie à partir de la terrasse se situant sous l’agrandissement de la résidence. À ce moment, l’agrandissement s’est effondré sur un pompier. Des manœuvres de sauvetage ont été entreprises par des collègues. Le pompier a été transporté à un centre hospitalier, où son décès a été constaté.
Causes de l’accident
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident :
- Un défaut de construction combiné à la détérioration, par l’incendie, d’une partie de la structure ont causé l’effondrement complet d’un agrandissement construit au-dessus d’une terrasse à partir de laquelle un pompier combattait l’incendie.
- Alors que l’intervention s’effectuait selon une stratégie défensive, une équipe a progressé en vue d’entrer dans la résidence pour circonscrire le feu de l’intérieur. Cette progression les a amenés à combattre l’incendie à partir d’une zone dangereuse qui n’avait pas été préalablement identifiée.
À la suite de l’accident, la CNESST a exigé de l’employeur, la municipalité de Boischatel, qu’il élabore et modifie ses directives opérationnelles de sécurité et qu’il forme ses travailleurs et travailleuses sur ces directives. L’employeur s’est conformé aux exigences.
Comment éviter un tel accident
Pour éliminer le danger d’effondrement sur un travailleur lors d’une intervention visant à maîtriser un incendie, des solutions existent, notamment, il faut :
- établir des méthodes de travail propres au service incendie qui prévoient une structure de commandement à suivre sur les lieux d’un incendie, et informer et former tous les intervenants relativement au respect de cette structure;
- former et informer les intervenantes et intervenants des services incendie (pompiers et officiers) concernant l’évaluation des structures et les risques d’effondrement;
- identifier et délimiter la zone dangereuse lorsqu’une stratégie défensive est appliquée lors d’un incendie, et ce, dans le but de contrôler la position et la progression des équipes en dehors de cette zone;
- prévoir le fonctionnement des communications sur les interventions et préciser les informations importantes à transmettre, notamment entre le commandant des opérations, les officiers et les pompiers et pompières, et s’assurer de leur respect;
- s’assurer du suivi du plan des opérations lors des interventions, notamment le suivi des objectifs tactiques des équipes.
Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs et travailleuses. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.
Les travailleurs et travailleuses doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.
Suivis de l’enquête
La CNESST transmettra les conclusions de son enquête aux organismes suivants afin qu’ils en informent leurs membres :
- Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec;
- Régie du bâtiment du Québec;
- Regroupement des associations de pompiers du Québec;
- Syndicat des pompiers du Québec;
- Union des municipalités du Québec.
La CNESST transmettra également les conclusions de son enquête à toutes les associations sectorielles paritaires ainsi qu’à l’ensemble des gestionnaires de mutuelles de prévention. De plus, le rapport d’enquête sera diffusé dans les établissements de formation et de qualification en sécurité incendie pour sensibiliser les futurs travailleurs. Finalement, la CNESST présentera les conclusions de l’enquête au comité sur la révision du Guide relatif aux opérations des services de sécurité incendie, coordonné par le ministère de la Sécurité publique.