Troubles musculosquelettiques (TMS)
Qu’est-ce qu’un trouble musculosquelettique?
Mal de dos, douleur aux épaules, tendinite, bursite, épicondylite, entorse lombaire et hernie discale sont quelques-uns des troubles musculosquelettiques (TMS) que les travailleuses et travailleurs peuvent développer en faisant leur travail.
Les troubles musculosquelettiques regroupent l’ensemble des blessures de nature musculosquelettique qui affectent les articulations, les muscles, les tendons, les ligaments, les cartilages et parfois les nerfs. Ces blessures sont généralement causées par une trop grande sollicitation des tissus mous, lorsque l’exigence d’un travail dépasse la capacité d’adaptation des tissus.
Les lésions musculosquelettiques sont les plus fréquentes dans tous les milieux de travail. Les mains, les poignets, les coudes, les épaules, le cou et le dos sont les parties du corps le plus souvent affectées.
Signes d’un trouble musculosquelettique
- Douleur à une articulation (en mouvement et au repos)
- Inconfort à une articulation
- Raideur articulaire
- Fatigue localisée (diminution de l’endurance et de la force musculaire)
- Diminution de l’amplitude des mouvements, allant jusqu’à l’impossibilité de bouger
- Enflure
- Engourdissements
- Augmentation de la sensibilité
Les troubles musculosquelettiques peuvent apparaître subitement ou de manière progressive. La fréquence, l’intensité et la durée de l’exposition aux situations de travail à risque influencent l’importance des effets du travail sur la travailleuse ou le travailleur. Il faut intervenir rapidement à l’apparition des premiers signes d’un trouble musculosquelettique. Sinon, le problème peut s’aggraver et le travailleur atteint réduit ses chances de parvenir à un rétablissement complet.
Stade 1 | Stade 2 | Stade 3 |
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Cet état peut durer pendant des semaines. Il s’agit d’un état réversible, c’est-à-dire que l’inflammation peut guérir complètement. | La douleur peut réveiller le travailleur la nuit. Cet état peut durer des mois. Il est préférable de consulter un professionnel de la santé avant d’atteindre le stade 3. | À ce stade, les troubles musculosquelettiques peuvent être irréversibles et il n’y a pas de traitement infaillible. Il existe un risque que la douleur devienne chronique, c’est pourquoi il est important de consulter un professionnel de la santé dès que les symptômes se confirment, c’est-à-dire au stade 2. |
- La prévention des troubles musculosquelettiques en milieu de travail
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Pour prévenir les risques de troubles musculosquelettiques chez les travailleuses et travailleurs, les employeurs et les responsables de la santé et sécurité du travail doivent rester vigilants par rapport aux conditions de travail. Il est important de faire une prise en charge efficace dans le milieu de travail.
Identifier les causes
La première étape est d’identifier les causes des troubles musculosquelettiques. Pour bien cerner le problème à régler, il faut :
- reconnaître les signaux que le corps envoie (raideur, douleur, engourdissements, fréquence et intensité des symptômes, etc.)
- associer les malaises au travail (quelle tâche suscite la douleur, qu’est-ce qui peut causer le malaise ressenti)
- déterminer les contraintes que la tâche impose (charge lourde, cadence rapide, vibrations, etc.)
- cerner les éléments sur lesquels on peut agir (répartir le travail pour diminuer l’intensité, alléger les charges et les poids de l’équipement, aménager les lieux de travail en réduisant les distances d’atteinte, etc.)
Corriger la situation
La deuxième étape est de corriger, par des mesures concrètes, les situations présentant des risques. Pour y arriver, il faut :
- tester la solution
- évaluer les résultats obtenus et faire des ajustements au besoin
Une solution technique (par exemple, un aménagement ergonomique) peut se doubler de mesures administratives (par exemple, une alternance appropriée des tâches) pour atteindre l’objectif fixé.
Contrôler
Contrôler, c’est empêcher que le risque réapparaisse. Une fois le risque éliminé ou la situation corrigée, les mesures de contrôle visent à s’assurer que le problème est résolu à long terme. Des ajustements sont apportés à la lumière des connaissances acquises à l’étape de corriger la situation. Par exemple, on peut :
- élaborer une politique d’achat incluant des recommandations sur les outils ou les équipements à acheter
- mettre à jour la formation des travailleurs
- faire des inspections et appliquer des mesures de surveillance et de contrôle
- vérifier régulièrement si les moyens utilisés donnent de bons résultats
- mettre en place un système de surveillance des TMS
Il est important d’assurer la permanence des correctifs appliqués.
Principaux facteurs de risque des troubles musculosquelettiques
Lorsqu’un emploi comporte un risque de troubles musculosquelettiques, le travailleur ou le superviseur doit connaître ce risque pour pouvoir le prévenir. Chaque facteur de risque peut contribuer à un degré élevé ou faible. Les facteurs de risque des troubles musculosquelettiques sont souvent combinés.
- Efforts physiques excessifs
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La force appliquée est un des principaux facteurs de risque de trouble musculosquelettique. C’est la force déployée par le corps pour, par exemple, soulever un objet, l’utiliser ou le transporter. On doit souvent exercer de la force physique pour accomplir une tâche, comme ouvrir une porte, manier un outil ou pousser un chariot. La force à exercer est parfois très importante et l’effort à déployer devient excessif. L’effort physique excessif est un effort dépassant les capacités physiques du travailleur. Soulever, pousser, tirer ou porter une charge lourde, volumineuse ou instable peut mener à un effort excessif.
Moyens de réduire les risques
La solution la plus efficace est d’éliminer la source du risque, par une meilleure conception de la tâche, en mécanisant un chargement qui était fait manuellement, par exemple. Lorsque ce n’est pas possible, une solution à privilégier est d’utiliser l’appareil de manutention adapté à la tâche et de mettre en pratique les conseils d’utilisation sécuritaire pour réduire l’effort dès que la situation le permet.
- Postures non naturelles
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Une position du corps nécessaire pour exécuter une tâche peut entraîner des tensions articulaires excessives. Chaque articulation a sa posture neutre ou naturelle, dans laquelle elle ressent le minimum de tension. Elle a aussi une limite d’amplitude ou une position dans laquelle elle ressent le maximum de tension. La posture contraignante est donc un important facteur de risque de troubles musculosquelettiques.
Bien souvent, une posture non naturelle est combinée à l’application d’une force. Dans cette situation de travail, 2 facteurs de risque sont présents (posture contraignante et force appliquée) et interagissent pour augmenter la tension articulaire.
Moyens de réduire les risques
La solution idéale se trouve dans la conception et l’organisation du poste de travail, lorsque c’est possible. Des espaces de travail ergonomiques permettent aux travailleurs d’accomplir leurs tâches dans la position la plus naturelle possible. Une telle solution est plus importante encore lorsque les travailleurs doivent appliquer une force.
- Répétition des mouvements
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Certaines tâches requièrent de répéter les mêmes gestes, ce qui sollicite fortement les parties du corps et les tissus concernés. Lorsque les tissus n’arrivent pas à récupérer, on parle d’une sollicitation excessive. La répétition d’un mouvement, combinée à un ou plusieurs autres facteurs de risque, augmente le risque de développer un trouble musculosquelettique.
Moyens de réduire les risques
La solution la plus efficace à ce problème concerne la conception de la tâche. Lorsque la situation le permet, il est recommandé de concevoir ou de corriger les tâches, pour donner le temps aux parties du corps sollicitées de récupérer.
- Exposition à des vibrations, des chocs ou des impacts
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Les travailleurs qui utilisent des outils vibrants, comme des perceuses, sableuses, foreuses, marteaux-piqueurs et autres outils qui émettent des vibrations peuvent être incommodés et même développer des troubles musculosquelettiques, comme le syndrome vibratoire main-bras. La sensibilité de leurs mains peut aussi en être affectée.
Les travailleurs qui conduisent régulièrement une voiture, un camion, un tracteur ou un véhicule hors route sont aussi exposés à des vibrations qui peuvent affecter le corps entier à long terme. Des sièges existent pour neutraliser les vibrations émises par le véhicule et protéger les travailleurs.
Moyens de réduire les risques
Pour se protéger, le meilleur conseil est de réduire l’exposition au minimum.
- Utiliser des outils bien conçus, équilibrés et bien entretenus qui émettent moins de vibrations
- Ajuster l’appareil pour réduire les vibrations à la source.
- Utiliser une poignée qui absorbe les vibrations.
- Éviter de serrer trop fort la poignée de l’appareil.
- Porter des gants antivibratiles.
- Compression d’une région du corps
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Certaines tâches peuvent exposer les travailleurs à une pression mécanique de tissus mous par un objet dur. Par exemple, les arêtes vives et les angles droits de certains outils peuvent comprimer ou écraser la paume de la main, la base du pouce ou les doigts, et causer des blessures. Le risque augmente s’ils sont utilisés à répétition et si une force est appliquée.
Moyens de réduire les risques
La solution est d’utiliser des outils bien conçus, qui ne compriment pas une petite région de la main ou du corps. Les outils à poignées rembourrées et arrondies, ou ceux conçus pour minimiser la force à appliquer sont à privilégier.
- Insuffisance des périodes de récupération
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Certaines situations de travail nécessitent de nombreuses heures de travail et de brèves périodes de repos. Ces périodes de récupération ne sont pas toujours assez longues pour permettre aux tissus sollicités de récupérer. Surtout, si les travailleurs sont exposés à d’autres facteurs de risque, comme la répétition des mouvements, l’effort excessif ou une position non naturelle.
Moyens de réduire les risques
Il est important que ces périodes de travail intensif demeurent brèves pour que le corps ait la possibilité de récupérer. Il est recommandé d’inclure des pauses proportionnelles à la sollicitation pour permettre la récupération. Elles peuvent durer quelques secondes dans un cycle court de travail répétitif, ou plusieurs jours consécutifs dans d’autres situations de travail.
- Travail au froid
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Travailler dans un lieu réfrigéré comme une salle de découpe de la viande, un entrepôt de produits périssables, ou encore travailler à l’extérieur l’hiver, expose le corps au froid. Cette exposition peut créer des tensions musculaires, car le corps a tendance à se crisper quand il a froid. Combiné à d’autres facteurs de risque, le travail au froid peut mener à l’apparition de blessures musculosquelettiques.
Moyens de réduire les risques
Pour éviter de subir les effets du travail au froid, il est conseillé d’éviter les expositions prolongées, de s’habiller chaudement et de prendre des pauses fréquentes dans des lieux chauffés. Il est conseillé de remplacer les vêtements ou les gants qui deviennent humides pendant la journée de travail car l’humidité conduit le froid.
Consultez les articles sur les troubles musculosquelettiques du Prévention au travail en complément d'information.