Déplacements motorisés en forêt
Les chemins forestiers permettent les déplacements des travailleuses et travailleurs qui doivent travailler en forêt. Ils circulent principalement en véhicules légers (voitures, camionnettes, etc.), mais aussi en véhicules lourds et en véhicules hors route.
Circuler sur des chemins forestiers, le plus souvent en milieu isolé, comporte des particularités que les conductrices et conducteurs doivent prendre en compte. Les chemins sont le plus souvent en gravier, ils n’ont pas toujours 2 voies de large et la visibilité peut être réduite, entre autres.
Lors de travaux d’aménagement forestier, un véhicule d’évacuation peut aussi être nécessaire.
Important
Comme tous les autres conducteurs, les travailleurs qui circulent sur des chemins forestiers doivent respecter le Code de la sécurité routière.
Règles à suivre pour être sécuritaire
- Mesures de prévention obligatoires pour l’employeur et le travailleur
Employeur
Pour que la circulation routière en forêt soit sécuritaire, l’employeur doit :
- ajouter la signalisation appropriée à mesure que le chemin est construit, incluant des bornes kilométriques pour les communications radio entre usagers
- entretenir les chemins (niveler, appliquer un abat-poussière si c’est nécessaire, débroussailler, déneiger rapidement après les précipitations, assurer la visibilité de la signalisation, etc.). Les chemins principaux peuvent être utilisés par plusieurs employeurs; ils peuvent alors former un comité pour gérer ensemble l’entretien des chemins
- inspecter, entretenir et réparer les ponts que les travailleurs utilisent
- fournir aux travailleurs des véhicules en bon état mécanique et qui respectent le Code de la sécurité routière
- s’assurer que les travailleurs ont reçu la formation pertinente sur les véhicules hors route qu’ils utilisent
- s’assurer que les conducteurs de véhicules adoptent un comportement sécuritaire
- s’assurer que tous les travailleurs en déplacement d’un lieu de travail à un autre ont atteint leur destination
- organiser les premiers secours et les premiers soins selon les exigences réglementaires, y compris les protocoles d’évacuation, et en informer tous les travailleurs
- suspendre tous les déplacements liés aux travaux d’aménagement forestier si les conditions météorologiques deviennent dangereuses
Travailleur
Pour assurer sa propre sécurité et celle des autres usagers des chemins forestiers, le travailleur doit :
- respecter le Code de la sécurité routière lorsqu’il se déplace avec un véhicule
- signaler à son employeur tout danger ou risque inhabituel lié à sa tâche, aux outils, aux véhicules ou à l’équipement qu’il utilise
- porter l’équipement de protection individuelle approprié au cours de ses déplacements en forêt
- connaître le protocole d’évacuation et de transport des blessés en forêt
- adapter la conduite de son véhicule à l’état du chemin et aux conditions météorologiques dans son secteur
- consulter les prévisions météorologiques pour chaque journée de travail et s’habiller en conséquence
- Conduite sécuritaire en forêt
Vérifications avant le départ
À cause des conditions routières variables et de l’éloignement des lieux de travail, il est important de procéder à ces vérifications.
- S’assurer que la roue de secours est en place et en bon état, et que les outils pour effectuer un changement sont présents et en bon état.
- Examiner l’état des pneus.
- Vérifier si tous les objets et les outils sont fixés correctement.
- S’assurer que la charge ne dépasse pas la capacité du véhicule.
- S’assurer que les phares, les feux de position, le klaxon et les freins sont fonctionnels.
- Vérifier les niveaux des liquides : essence, huiles, antigel, lave-glace.
- Vérifier le bon fonctionnement du système de communication, si le véhicule en a un.
- Vérifier le bon ajustement des miroirs.
- S’assurer qu’une ceinture de sécurité est présente pour chaque personne qui prend place à bord des fourgonnettes transportant des travailleurs.
Conduite et déplacement
- Planifier son itinéraire avant le départ, tenir compte des risques qu’il pourrait comporter et prévoir une heure de retour.
- Respecter la limite de vitesse maximale de 70 km/h sur les chemins de gravier et adapter sa vitesse à l’état du chemin et aux conditions météorologiques. • Garder les phares allumés en tout temps et circuler à droite du chemin.
- Toujours boucler sa ceinture de sécurité et s’assurer que les passagers le font aussi.
- Ne jamais transporter de passagers dans la boîte d’une camionnette, sur le toit ou dans une remorque. Toute personne qui prend place à bord d’un véhicule léger pour se déplacer doit être assise sur un siège avec une ceinture de sécurité.
- Choisir un endroit dégagé pour être visible de loin dans les 2 directions lorsqu’on doit s’arrêter en bordure d’un chemin. Si une radio est présente dans le véhicule, signaler son arrêt et sa position. La nuit, éteindre les phares et allumer les feux de position du véhicule.
- S’il y a présence d’eau sur le chemin, par exemple, causée par une digue de castor, descendre du véhicule et vérifier la profondeur de l’eau et la stabilité du chemin avant de poursuivre sa route.
- Stationner le véhicule à reculons, pour augmenter la visibilité au moment du départ.
- Monter dans la cabine d’une camionnette et en descendre en utilisant 3 points d’appui.
Croisement
Lorsqu’on croise un autre véhicule, qu’il soit arrêté ou en mouvement, on doit réduire sa vitesse pour diminuer les risques de projection de roches. S’il s’agit d’un véhicule lourd, on doit ralentir et se déplacer le plus à droite possible, en se méfiant des accotements mous. Il faut garder en tête que le véhicule lourd ne peut se déplacer complètement à droite du chemin à cause du risque de renversement. En présence de poussière importante, on doit ralentir davantage.
Lorsqu’un véhicule lourd et un véhicule léger s’approchent d’un pont, d’un passage étroit ou d’un passage à une voie de part et d’autre, le véhicule lourd a toujours priorité. Le véhicule léger doit attendre dans un endroit propice comme un point de rencontre. Lorsqu’il s’agit de 2 véhicules légers, le véhicule qui sort de la forêt a priorité.
Lorsqu’un conducteur croise une machine forestière en fonction, il doit immobiliser son véhicule et s’assurer que l’opérateur de la machine l’a vu et l’autorise à passer. Dans le cas d’une ébrancheuse, le mat doit être en position parallèle au chemin et déposé par terre le temps que le véhicule léger circule à côté de la machine.
Dépassement
La responsabilité de la manœuvre de dépassement va à celui qui l’effectue. Les dépassements sont permis uniquement lorsque les conditions de visibilité et l’état du chemin le permettent. Pour effectuer le dépassement, les règles de bonne conduite suivantes devraient être appliquées :
- identifier de façon visuelle le véhicule que l’on souhaite dépasser, par exemple par son numéro
- communiquer avec le conducteur du véhicule pour s’identifier et recevoir la confirmation de son identité
- demander l’autorisation de dépasser
- attendre la confirmation du conducteur du véhicule avant d’effectuer le dépassement
- une fois la confirmation obtenue, dépasser uniquement s’il est possible de voir devant le véhicule, car on ne devrait jamais placer sa sécurité entre les mains d’autrui
- Véhicules légers
Un véhicule routier léger est une automobile, une camionnette ou tout autre véhicule semblable. Ces véhicules sont le principal moyen de déplacement en forêt.
Équipement
Chaque véhicule léger devrait être muni :
- d’au moins un dossard avec bande réfléchissante de type 2 conforme à la norme CSA Z96-F09
- de cônes ou de triangles de signalisation pour créer un corridor si le véhicule doit s’immobiliser sur la chemin (les feux de détresse devraient être évités en forêt, étant donné les risques d’incendie)
- d’une trousse de premiers secours
- d’un extincteur de 1 kg de type ABC accessible rapidement
- d’une pelle, d’une chaîne sans crochet
- d’une trousse de réparation minimale avec outils
- d’une trousse de survie
- Véhicules lourds
Un véhicule lourd est un véhicule routier dont le poids nominal brut, c’est-à-dire sa masse nette et sa capacité maximale de charge, est de 4 500 kg ou plus. Cette définition inclut les autobus et les minibus.
Vérification avant le départ
Avant de s’installer au volant d’un véhicule lourd, le conducteur effectue une vérification avant départ et remplit un rapport de ronde de sécurité qu’il conserve à bord.
Il s’assure aussi de suivre les instructions données par l’opérateur de la chargeuse dans le cas d’une opération de chargement de bois. Le conducteur du camion de transport reste dans son véhicule tout au long du chargement ou à l’extérieur de celui-ci. Il doit toujours rester en dehors de la zone dangereuse de la chargeuse.
Équipement
Un véhicule lourd doit être muni de l’équipement prescrit par le Code de la sécurité routière. Il devrait aussi avoir minimalement cet équipement :
- un extincteur de 2 kg de type ABC à portée de main
- une trousse de premiers secours
- une lampe torche utilisable en toute saison
- une trousse de dépannage mécanique et des outils de base
- au minimum un appareil de communication de type CB dans le cas des autobus et des minibus
- des appareils de communication de type CB et FM dans le cas des camions de transport de bois
- une scie électrique de type va-et-vient ou une autre scie pour couper les sections de rondins dépassant des côtés du chargement dans le cas d’un camion semi-remorque pour le transport de bois
Changement des pneus
Les pneus sous pression des véhicules de grandes dimensions contiennent une énorme quantité d’énergie. De mauvaises méthodes de manipulation et de montage des pneus et des roues peuvent provoquer des accidents graves qui peuvent être mortels. Le changement de pneus et de roues doit toujours se faire selon les recommandations du fabricant.
Arrimage de chargement de bois
L’arrimage de tout chargement doit se faire conformément au Règlement sur les normes d’arrimage (chapitre C-24.2, r. 30). Pour le transport de rondins, le sommet du rondin extérieur le plus élevé, de chaque côté ou à chaque extrémité du véhicule, ne doit pas dépasser le sommet des traverses-berceaux ou des poteaux. Les rondins supérieurs formant le sommet de la cargaison doivent être disposés en arceau et ne pas dépasser les traverses-berceaux ou les poteaux de plus d’une hauteur d’un rondin au centre du chargement.
Écran de protection
Un camion ou sa remorque doit avoir un écran de protection, fixé entre la cabine et la charge, pour assurer la sécurité du conducteur en cas de déplacement de la charge. Cet écran doit être d’une hauteur et d’une largeur suffisantes pour empêcher le déplacement de la cargaison vers l’avant, jusqu’à la cabine du conducteur. Il ne doit pas y avoir d’ouverture permettant à une grume de le traverser.
- Véhicules hors route
Les véhicules hors route (VHR) sont polyvalents et bien adaptés aux chemins forestiers. Dans le cadre du travail, l’utilisation d’un véhicule hors route en forêt devrait se limiter aux secteurs qui ne sont pas accessibles en véhicule routier. Les véhicules à 3 roues sont interdits dans le cadre du travail étant donné leur instabilité.
Les véhicules hors route incluent :
- le tout-terrain motoquad (couramment appelé le 4 roues)
- le tout-terrain autoquad
- les véhicules à 6 ou 8 roues
- la motoneige Un travailleur qui utilise un véhicule hors route devrait toujours avoir suivi une formation appropriée.
Planification des déplacements
- Avant chaque départ, le conducteur doit inspecter l’état général de son véhicule hors route, entre autres les pneus, l’éclairage, les commandes, le châssis, le niveau des huiles et du carburant, l’état des freins et tous les autres points particuliers recommandés par le fabricant.
- Les utilisateurs de véhicules hors route doivent consulter les prévisions météorologiques avant d’amorcer leur journée de travail et s’habiller en conséquence.
- Le trajet emprunté par les travailleurs se déplaçant en véhicule hors route et l’heure estimée de leur retour doivent être connus de l’employeur. La planification du trajet doit tenir compte des risques qui pourraient se présenter pendant le déplacement et prévoir un protocole d’évacuation d’urgence.
- Si possible, les déplacements à 2 équipes devraient être planifiés dans le même secteur de travail, pour éviter l’isolement de travailleurs en cas de bris du véhicule.
- Tout équipement transporté sur le véhicule hors route, dans la remorque ou dans le traîneau doit être solidement attaché pour éviter les projections en cas de freinage brusque ou d’accident.
- Le véhicule doit avoir une trousse de premiers secours qui contient de l’adrénaline auto-injectable en cas de réaction à une piqûre d’insecte. Le véhicule doit aussi avoir un extincteur portatif de 1 kg.
- Le véhicule devrait aussi être muni d’une trousse de réparation de base, d’une trousse de survie, d’une corde de remorquage non élastique, et le manuel d’opération devrait être conservé dans le véhicule.
- Le conducteur doit porter l’équipement de protection individuelle nécessaire.
- Si possible, les déplacements en véhicule hors route devraient se faire hors des chemins où circulent des véhicules routiers.
Chargement et déchargement du véhicule hors route sur sa plateforme de transport
Lors du chargement ou du déchargement du véhicule sur une remorque ou dans une camionnette, une méthode de travail sécuritaire doit être établie et respectée. Il faut s’assurer, entre autres :
- de stationner le véhicule de transport sur un terrain le plus plat possible
- de nettoyer les rampes de la boue ou de la glace, puis de les installer et de les arrimer au véhicule de transport
- de dégager la plateforme de transport de tout objet qui pourrait nuire aux manœuvres
- de la présence d’un écran de protection sur le véhicule de transport pour éviter que le véhicule hors route frappe la vitre arrière dans le cas d’un arrêt d’urgence ou d’un accident
- d’utiliser des courroies prévues pour arrimer le véhicule hors route à sa plateforme de transport
Important
Ne pas utiliser de treuil ou de câble pour tirer une charge avec un véhicule hors route. Pour le dépannage, cet usage est toléré, mais le conducteur doit porter l’équipement de protection individuelle pour se protéger en cas de rupture du câble ou du treuil. Le transport de travailleur est interdit, sauf en cas de sauvetage. L’usage d’un traîneau prévu à cette fin est cependant accepté avec une motoneige. On ne doit jamais utiliser un lien qui, en cas de rupture, peut provoquer un effet coup de fouet.
Évacuation en forêt : véhicule et protocole
Véhicule d’évacuation
Lorsque 20 travailleurs effectuent des travaux d’aménagement forestier sur un même lieu de travail, un véhicule d’évacuation doit être disponible. Il doit être situé à l’endroit permettant l’intervention la plus rapide et efficace en cas d’urgence. Le matériel de premiers secours doit être placé dans le véhicule d’évacuation.
Fonction du véhicule d’évacuation
Ce type de véhicule sert à déplacer un travailleur blessé jusqu’au lieu de transfert par ambulance ou hélicoptère. Il peut aussi servir à transporter le travailleur blessé jusqu’à l’hôpital, si la blessure n’est pas sévère.
Ce véhicule ne quitte pas le chemin forestier pour se rendre sur le lieu même de l’accident. La personne blessée doit être déplacée du lieu de son accident vers le véhicule à l’aide d’une civière ou d’un équipement combiné, si son état ne lui permet pas de se déplacer par elle-même. Le véhicule d’évacuation peut être remplacé par un hélicoptère disponible sur place pour répondre à une situation d’urgence lorsque les travailleurs sont déployés sur un territoire.
Le véhicule d’évacuation se déplace et suit les travailleurs à mesure que les travaux progressent. Il peut aussi servir de moyen de déplacement pour un contremaître ou un travailleur.
Si le lieu de travail se situe à moins de 30 minutes en véhicule et à au plus 35 kilomètres d’un service médical d’urgence, et qu’il est accessible par ambulance, le véhicule d’évacuation n’est pas nécessaire.
Caractéristiques du véhicule d’évacuation
Le véhicule d’évacuation doit être :
- maintenu en bon état de fonctionnement
- chauffé
- équipé d’un moyen de communication adéquat
Il doit offrir un espace :
- de protection contre les intempéries
- permettant au secouriste en forêt de prendre place près du blessé pour lui donner des soins en continu et de sécuriser la civière ou l’équipement combiné à l’intérieur du véhicule
- dédié au blessé
Cet espace doit être dégagé et propre. Il ne doit pas servir à déplacer du matériel forestier, par exemple.
Le véhicule d’évacuation peut être :
- un véhicule modifié conformément aux règles applicables (SAAQ et Transport Canada)
- une roulotte de type « portée » dans la boîte d’une camionnette
- une ancienne ambulance
Un motoquad, une machine forestière prévue pour la récolte ou le transport de plants ou toute forme de remorque ne peuvent pas être utilisés comme véhicule d’évacuation.
Protocole d’évacuation en forêt
L’employeur doit élaborer un protocole d’évacuation et de transport des travailleurs blessés en forêt. Ce protocole doit prévoir une évacuation par voies terrestre et aérienne vers un service médical d’urgence.
Il n’est pas requis de prévoir un moyen d’évacuation par voie aérienne lorsque le lieu de travail se situe à moins de 30 minutes et à au plus 35 kilomètres d’un service médical d’urgence. Un moyen d’évacuation par voie terrestre n’est pas nécessaire si les travaux sont inaccessibles par un chemin.
C’est le secouriste qui prend en charge la personne blessée qui choisira le moyen d’évacuation à utiliser.
Le protocole doit être mis à jour ou modifié chaque fois que le lieu de travail change. Il doit être affiché dans un endroit visible et facilement accessible aux travailleurs ou, être communiqué par tout moyen approprié.