Prévention-inspection et toxicologie

Anne-Marie Fillion
Conseillère-experte
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La prévention dans les milieux de travail commence par l’accès à l’information. Anne-Marie Filion, conseillère-experte en prévention-inspection et coordonnatrice du SIMDUT pour le Québec, nous explique comment elle contribue à rendre accessible l’information concernant les produits chimiques et biologiques dangereux de manière à favoriser une saine prise en charge par les milieux de travail.

Quel est votre titre et depuis combien de temps êtes-vous à l’emploi de la CNESST?

Je travaille à la CNESST depuis 35 ans. J’ai commencé ma carrière comme toxicologue. Le travail a évolué au fil des années, ce qui a su garder mon intérêt intact. Je n’ai pas vu le temps passer pendant toutes ces années! Je suis maintenant conseillère-experte en prévention-inspection et coordonnatrice du SIMDUT pour le Québec.

L’acronyme SIMDUT signifie « Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail ». C’est un système pancanadien qui vise à protéger la santé et la sécurité des travailleurs en favorisant l’accès à l’information sur les produits dangereux utilisés au travail. Les fournisseurs de produits dangereux doivent étiqueter les produits qu’ils vendent et fournir une fiche de données de sécurité. L’employeur qui achète ces produits a l’obligation, notamment, de former et d’informer ses travailleurs sur les dangers qu’ils représentent, la façon de les manipuler et de les entreposer et les mesures à prendre en cas d’urgence.

Quelle est votre clientèle type et quels services lui offrez-vous?

Portrait de la clientèle

La clientèle externe et interne à laquelle mes collègues et moi offrons des services est très diversifiée et comprend notamment :

des travailleuses et travailleurs et employeurs du Québec
des comités de santé et de sécurité du travail (CSS)
des associations sectorielles paritaires (ASP)
des associations patronales et syndicales
des intervenantes et intervenants du réseau de santé publique en santé au travail
du personnel de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST)
du personnel de la CNESST (p. ex. des inspectrices et inspecteurs, des agentes et agents d’indemnisation, des conseillères et conseillers en réadaptation, des médecins)

Service de consultation du Répertoire toxicologique

En consultant le site Web du Répertoire toxicologique que nous mettons à jour, la clientèle a accès à une banque de données contenant des fiches de renseignements sur les produits chimiques et biologiques. Ces renseignements concernent, par exemple, les caractéristiques physiques d’un produit, ses effets toxiques ou les mesures à prendre pour se protéger et la réglementation applicable au Québec en matière de SST. Nous offrons également un service de consultation par courriel ou par téléphone.

Service d’information sous la forme de guides, d’outils et de programmes

Nous produisons des guides, des outils et des programmes de santé pour soutenir les milieux de travail dans leur prise en charge de la SST. Ils sont parfois réalisés en collaboration avec nos partenaires comme le Réseau de santé publique en santé au travail (RSPSAT) ou les associations paritaires provinciales (ASP).

Soutien à la clientèle

Quelques jours par mois, je suis affectée au soutien à la clientèle du Répertoire toxicologique, tout comme mes collègues chimistes, biochimistes et toxicologues. Nous répondons aux diverses questions de la clientèle.

En ce qui a trait aux employeurs et aux travailleurs, nous leur offrons de l’information en lien notamment avec :

l’entreposage des produits chimiques
la toxicité des produits
les équipements de protection individuelle (EPI) requis
le SIMDUT
les risques d’incendie ou d’explosion

Tâches liées au SIMDUT

À titre de coordonnatrice SIMDUT, j’assure le lien avec Santé Canada, qui est responsable du volet fédéral. Je représente le Québec dans les comités pancanadiens du SIMDUT. Je forme et soutiens certains de nos inspecteurs qui s’appuient sur le SIMDUT fédéral à l’occasion d’inspections annuelles chez des fournisseurs de produits dangereux. Je rédige et mets à jour des documents en lien avec le SIMDUT, qui sont diffusés sur le site Web de la CNESST et celui du Répertoire toxicologique.

Mise à jour des documents en toxicologie

J’effectue le contrôle qualité en ce qui a trait à la toxicologie et au SIMDUT dans les fiches de renseignements du Répertoire toxicologique. Je participe à la mise à jour des documents concernant la toxicologie, diffusés sur les sites Web de la CNESST et du Répertoire toxicologique.

Participation internationale

Je participe au Programme international sur la sécurité des substances chimiques de l’Organisation mondiale de la Santé. Avec d’autres experts, j’élabore des fiches de renseignements sur les produits chimiques qui sont validées, puis diffusées dans plusieurs langues pour promouvoir l’utilisation sécuritaire des produits.

Que trouvez-vous le plus stimulant dans votre travail?

J’aime apporter du soutien à la clientèle dans la prise en charge de la santé et de la sécurité et ainsi contribuer à rendre les milieux de travail plus sains et sécuritaires, en transmettant mes connaissances. Ce soutien peut prendre la forme d’un travail de synthèse et de vulgarisation pour les travailleurs et les employeurs ou d’un travail de recherche et d’analyse plus poussé. La diversité des questions et le fait de faire partie d’une équipe multidisciplinaire, dynamique et engagée rendent le travail stimulant.

« Le fait de faire partie d’une équipe multidisciplinaire, dynamique et engagée rend le travail stimulant. »

Qu’avez-vous constaté comme évolution dans votre domaine depuis que vous pratiquez ce métier?

Je crois que la prévention prend une place plus importante dans les milieux de travail. Ceux-ci ont davantage accès aux informations concernant les produits chimiques et biologiques dangereux grâce au SIMDUT et à Internet.

À mes débuts, nous devions contacter les fournisseurs de produits chimiques par téléphone ou par fax pour obtenir les informations requises… et même souvent par la poste!

Je constate que les travailleurs sont plus sensibilisés. On s’inquiète plus par rapport à certains risques, comme ceux liés au cancer. On se préoccupe aussi d’autres produits auxquels les travailleurs peuvent être exposés comme l’amiante, la silice cristalline émise par exemple lors du sciage de béton et les pesticides. De plus, on parle davantage d’autres risques pour la santé qui ne sont pas causés par des produits chimiques, comme la surdité.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait occuper un poste comme le vôtre?

Comme les mandats sont très diversifiés, je dirais que la personne intéressée doit être autonome, faire preuve de rigueur, être polyvalente et aimer documenter diverses problématiques. Le travail avec différents partenaires ou clients demande une bonne compréhension de la politique et une ouverture d’esprit. On doit aussi être capable de faire preuve de souplesse et de jugement et proposer des solutions pragmatiques. L’esprit d’équipe, la collaboration et l’adaptabilité sont très importants. Pour améliorer nos connaissances et nous tenir à la fine pointe, nous avons l’occasion d’assister à des conférences ou à des formations, ce qui plaît beaucoup aux personnes qui aiment apprendre.

Quelle a été votre plus belle expérience dans le cadre de votre travail?

Je n’ai pas en tête une expérience en particulier. Je dirais que j’aime spécialement aider les travailleurs parfois inquiets qui nous contactent pour s’informer sur un enjeu en lien avec leur travail. C’est toujours gratifiant de pouvoir vulgariser l’information, transmettre nos connaissances, les rassurer et les informer.

Un mot de la fin?

Notre équipe est là pour aider à la prise en charge dans les milieux de travail de manière à les rendre sains et sécuritaires, particulièrement en ce qui concerne les produits chimiques et biologiques. L’information que nous diffusons contribue à identifier les risques pour la santé et la sécurité et, ainsi, à favoriser la mise en place de moyens de prévention adéquats.

De grands progrès ont été réalisés, mais nous devons poursuivre nos efforts. Il y a donc beaucoup de place pour la relève!